Tech 4 Tomorrow - Gabrielle Halpern

Cloud & Data : vers un monde de l'hybridation

Qu'est-ce qu'une donnée ? Comment l'exploiter et la stocker ? Quel est le rôle du cloud ? Regards croisés d'une philosophe, d'un directeur technique et d'un expert solutions sur le thème "Cloud & Data".

Dans un monde où toute action se transforme en données et en informations, comment définir l’intérêt d’une data sur une autre ? Comment organiser, exploiter et stocker des quantités toujours plus nombreuses de données ? Quel est la place du cloud dans ce processus ? Comment les organisations doivent-elles appréhender cette ressource pour se transformer et améliorer leurs performances ? Pour discuter du vaste sujet « Cloud & Data » , TD SYNNEX a réuni trois intervenant.e.s de choix : la philosophe Gabrielle Halpern, Nicolas Mahé, Expert Solutions ISG Lenovo et Laurent Delaisse, Director of technical Sales EMEA France & Benelux Hitachi Vantara.

Définir notre rapport aux datas

« L’angoisse de l’être humain qui est jeté dans le vaste monde, est de saisir le monde, de le comprendre, de faire face à l’imprévisible. La question des datas n’est finalement pas une simple question de stratégie, c’est aussi éminemment symbolique », a rappelé Gabrielle Halpern en introduction de la table ronde.

« En réalité, les entreprises ne sont pas si différentes des êtres humains et pour elles aussi la question n’est pas seulement stratégique mais aussi symbolique. Cela questionne notre positionnement dans le monde par rapport à notre environnement, par rapport à nos concurrents par rapport à nos alliés potentiels. La question consiste à savoir comment est-ce que l’on conçoit notre rapport aux datas ? », interroge la philosophe.

 

Bien que complexe, la question s’impose à toutes les entreprises qui se lancent dans un projet lié au traitement des données. « La plupart des datas que l’on gère aujourd’hui dans les data centers ont été créées globalement par l’humain. Mais on se trouve un moment de bascule, où l’on voit que la suite consiste à développer des outils qui vont créer de la data à la place de l’être humain. C’est ce qu’on appelle l’ internet des objets. En fait, on se retrouve aujourd’hui avec des objets dont l’unique raison d’être est de générer de la donnée. Or, on ne pourra pas tout stocker, il faut la gérer, la hiérarchiser, l’analyser en temps réel et c’est une énorme problématique chez quasiment tous les clients avec lesquels je discute », analyse Nicolas Mahé, Expert Solutions ISG Lenovo.

Tech 4 Tomorrow - Gabrielle Halpern

"La question consiste à savoir comment est ce que l'on va penser notre rapport aux datas ?"

Gabrielle Halpern - Philosophe

Passer du big data au link data

Pour parvenir à exploiter ce big data hébergé dans le cloud sans s’y perdre, la philosophe suggère de passer au « link data » et de créer des ponts entre les données, les secteurs et les métiers. De ces ponts naîtrait l’hybridation selon Gabrielle Halpern, qui travaille sur ce concept depuis plus de dix ans. Auteure de l’essai grand public « Tous centaures! Éloge de l’hybridation » (Éditions Le Pommier, 2020), elle définit l’hybridation comme « le mariage improbable de secteurs, de compétences, d’outils, qui mis ensemble créent quelque chose de nouveau. »

Pour Laurent Delaisse, Director of technical Sales EMEA France & Benelux Hitachi Vantara, la transformation numérique des entreprises  pose la question de l’éducation et des usages concrets des technologies. « Si vous ne comprenez pas les outils, il n’y a pas de consommation et on vous vend quelque chose que vous ne comprenez pas », insiste-t-il. Face à des offres technologiques de plus en plus complexes, il conseille aux entreprises de prendre le temps de comprendre « leurs besoins réels dans la durée pour définir les bonnes solutions à mettre en place. »

Comme le constate Gabrielle Halpern, l’hybridation ne concerne pas seulement les technologies, elle touche aussi les métiers et les organisations privées et publiques. On voit émerger de nouvelles fonctions « hybrides » ou de nouveaux partenariats entre entreprises qui, en période de crise, vont se rapprocher, mutualiser et trouver des réponses ensemble, notamment en terme de cybersécurité.

En conclusion, les trois intervenants s’accordent pour rappeler la nécessité de réguler et de légiférer pour que l’innovation technologique reste au service des humains et ne se retourne pas contre eux.

Par Stéphanie O'Brien

Head of External Communications